Requiem pour Louis Ier d'Espagne sous la direction d'Alberto Miguélez Rouco
Quatrième production de la Saison 24/25 à bénéficier du soutien de l’ADOR
Avec le soutien de l’ADOR – les Amis de l’Opéra Royal, le Requiem pour Louis Ier de José de Torres, chef-d’œuvre méconnu du baroque espagnol, retrouve aujourd’hui les honneurs de la scène.
Composée en 1724 pour les funérailles de Louis Ier, roi d’Espagne durant seulement 150 jours, cette œuvre immortalise son destin tragique à travers une composition imposante à deux chœurs d’une grande solennité. A l’occasion du 300e anniversaire de sa création, ce Requiem sera redécouvert à la Chapelle Royale de Versailles, un hommage à la fois à un souverain disparu prématurément et à la grandeur de la musique baroque espagnole.
CONVERSATION AVEC ALBERTO MIGUÉLEZ ROUCO
QUI ÊTES-VOUS ALBERTO ?
Je suis né à La Corogne, en Espagne, il y a 30 ans, et depuis mon plus jeune âge, ma plus grande passion a été de faire de la musique, que ce soit en tant qu’enfant-chanteur dans la chorale de l’église, en jouant du piano au conservatoire, ou en poursuivant ma carrière de chanteur. À 18 ans, j’ai rejoint la Schola Cantorum de Bâle, où j’ai étudié le chant et le clavecin. Ces dernières années, j’ai chanté sous la direction de William Christie et René Jacobs, deux de mes figures d’inspiration.
Parallèlement à ma carrière solo, j’ai fondé l’Ensemble Los Elementos en 2018, avec lesquel j’essaie de me développer en tant que chanteur, chef d’orchestre, claveciniste et chercheur musical, car l’un de nos objectifs est de découvrir le riche patrimoine du baroque espagnol, en particulier des figures telles que José de Torres et Francisco Corselli. Nous n’oublions pas, bien sûr, les grands compositeurs européens comme Haendel ou Scarlatti.
Il nous a semblé qu’il n’y avait rien de plus approprié que de réunir dans un même programme la musique funèbre du père et du fils.
QUE DISENT LES ŒUVRES QUE VOUS ALLEZ JOUER À VERSAILLES ?
Pour notre premier concert à la Chapelle Royale, nous avons choisi un programme composé de deux des plus importants compositeurs du XVIIIe siècle en Espagne, José de Torres et Francisco Corselli, tous deux maîtres de la Chapelle Royale de Madrid. Nous interpréterons le célèbre Requiem pour Louis Ier de José de Torres, écrit pour les honneurs du roi dont le règne a été le plus court de l’histoire de l’Espagne. L’une des raisons pour lesquelles nous l’avons choisi, outre sa beauté musicale, est qu’il a été joué pour la première fois il y a tout juste 300 ans, en février 1725, et nous ne pouvions pas manquer l’occasion de récupérer cette œuvre fantastique à l’occasion de son anniversaire.
Quant aux œuvres de Corselli, elles ont été écrites 21 ans plus tard pour les funérailles de Philippe V, père de Louis Ier, et il nous a semblé qu’il n’y avait rien de plus approprié que de réunir dans un même programme la musique funèbre du père et du fils. Une caractéristique très spéciale des deux œuvres est l’utilisation de trompettes en sourdine en combinaison avec des flûtes, une sonorité très particulière et caractéristique de la musique funèbre espagnole.
VOTRE VENUE À VERSAILLES EST UNE PREMIÈRE ?
J’ai chanté en 2019 l’opéra « La divisione del mondo » de Legrenzi avec Christophe Rousset à l’Opéra Royal, mais c’est la première fois que je viens avec mon groupe, et ça me fait très plaisir ! Versailles est un lieu magique, y jouer est un privilège. Un jour, Laurent Brunner m’a contacté pour me dire qu’il était très intéressé par la musique écrite pour les bourbons espagnols, en particulier pour Philippe V, qui n’oublions pas était le petit-fils de Louis XIV. La cour de Madrid et celle de Versailles ont toujours été très liées, car tous étaient de la même famille. Et même s’il a vécu en Espagne de 1701 jusqu’à sa mort, Philippe V désirait constamment retourner à Versailles. Aujourd’hui nous allons faire sonner sa musique dans son palais bien-aimé.
ALLEZ- VOUS CONTINUER A FAIRE CONNAÎTRE LE REPERTOIRE SACRÉ ESPAGNOL ?
Absolument ! Aujourd’hui nous connaissons la musique sacrée de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Angleterre, mais la musique sacrée espagnole, surtout celle de grand format est inconnue pour tout le monde, y compris pour les Espagnols. Imaginez qu’avec Torres, Nebra et Corselli nous possédons un corpus de presque mille œuvres qui n’ont jamais été interprétées, sans compter le reste des grands auteurs qui étaient en Espagne. Dans les limites de mes possibilités, je voudrais pouvoir récupérer peu à peu ces œuvres, et c’est pourquoi je remercie énormément Laurent Brunner, l’Opéra de Versailles, Aline Foriel-Destezet et les Amis de l’Opéra Royal qui nous ont fait confiance, à moi et à Los Elementos, pour redonner vie à cette merveilleuse musique.
VOUS ÊTES CHANTEUR ET CHEF D’ORCHESTRE. CHOISIREZ-VOUS UN JOUR ENTRE VOS DEUX PASSIONS ?
Depuis mon plus jeune âge, j’ai chanté et joué du piano sans aucune distinction. Cela a toujours été très naturel pour moi. Ensuite, la direction s’est intégrée comme l’une des possibilités qui m’étaient offertes de faire de la musique. Pour l’instant, je n’ai pas l’intention de choisir. Je prendrai ma décision le jour où j’aurai l’impression que la charge de travail ne me permet pas de faire les deux. Les exigences du chanteur et du chef d’orchestre sont très différentes, et évidemment la carrière d’un chanteur est généralement plus courte. Mais je crois que je n’arrêterai jamais de chanter, même si je le fais juste pour moi.
Propos recueillis par Jean-Pierre Caffin.
Alberto Miguélez Rouco et son ensemble Los Elementos – Mardi 28 janvier 2025 à 20h, Chapelle Royale.