Aller au contenu
soutenir

Michel-Richard Lalande

Accueil Michel-Richard Lalande

MICHEL-RICHARD LALANDE (1657-1726)

 

Michel-Richard de Lalande fut le plus fidèle compagnon musical de Louis XIV. Concentrant son activité sur la musique d’orchestre et la musique sacrée, il fut en poste quarante-cinq années à la Cour de France, où il réalisa l’essentiel de ses chefs-d’œuvre.

 

Né à Paris en 1657, il reçut sa formation musicale à Saint-Germain-l’Auxerrois, devenant rapidement un organiste reconnu, et occupant très tôt les tribunes parisiennes des Grands Jésuites puis de Saint-Gervais en 1672, à quinze ans seulement. À partir de 1681 il entre dans l’orbite de la Cour en donnant des leçons de musique aux Princesses de Blois et de Nantes.

Afficher plus

En 1683, il remporte à vingt-six ans le concours de Maître de Chapelle du Roi, alors divisé en quatre quartiers, qu’il cumule rapidement avec les départs successifs des trois autres Sous-Maîtres. Ce concours très important devait décider de la succession de Dumont et Robert, les inventeurs du grand motet à la française, récemment développé dans une forme plus majestueuse par Lully. A la mort ce dernier en 1689, Lalande ajoute la charge de Surintendant de la musique du Roi, jusqu’à occuper tous les postes musicaux de la Cour : Compositeur de la Chambre du Roi en 1690, puis Maître de Musique de la Chambre du Roi en 1695. Il ne quitte ses fonctions qu’après 1722, et quarante années de service de la Chapelle du Roi, dont vingt-huit auprès de Louis XIV.

 

L’originalité de Lalande est donc avant tout à chercher dans sa musique sacrée et spécifiquement dans le grand motet, pièce de musique liturgique d’une vingtaine de minutes sur un texte latin de psaume, qui est le cœur de la messe royale du temps de Louis XIV, et qu’il va cultiver durant quatre décennies pour le porter à un style en soi. L’importance du texte et de son sens sont rendus par Lalande en suivant scrupuleusement les affects de la prosodie latine, pour obtenir une véritable rhétorique musicale, spécificité baroque s’il en est. Mais l’orchestre est aussi un acteur de premier plan, Lalande lui réservant à la fois un rôle de support permanent des chanteurs, ainsi qu’une richesse de contrepoint et de couleurs qui le démarquent de la manière lullyste.

 

Remettant sans cesse sur le métier ses grandes compositions sacrées destinées à la messe quotidienne du Roi, à Versailles ou à la suite de la Cour quand elle est dans une autre résidence, il est l’auteur de plus de soixante-dix grands motets avec chœur, solistes et orchestre qui sont en quelque sorte l’équivalent des cantates de Bach et des œuvres monumentales de Haendel. L’intérêt personnel du Roi pour la musique religieuse dans cette seconde partie de son règne, peut-être influencé par Mme de Maintenon, est aussi celui du plus grand Roi du monde qui présente à chaque office des musiciens d’exception et des œuvres d’une ampleur et d’une “pompe” que toute l’Europe admire…

 

À cette recherche de la gloire du Roi participe également l’autre volet quasi quotidien de la musique royale, mais du côté de la Chambre cette fois. Les Symphonies pour les Soupers du Roi, que Lalande écrit dans les années 1690 à 1710, sont composées de deux cent cinquante pièces. Ces morceaux orchestraux réunis sous forme de suites rythment le souper officiel du Roi durant trois décennies, données en public pendant que le Roi est servi.

 

Son ainé Lully ayant obtenu de son vivant le privilège de l’opéra, Lalande ne fait que de brèves incursions lyriques par des pièces de circonstance, comme Les Fontaines de Versailles (1683), le ballet Le Palais de Flore (1689), plus tard celui des Folies de Cardenio, et en collaborant avec Destouches pour Les Éléments (1721).

 

Son génie éclate donc bien dans ses œuvres sacrées pour la chapelle, petits et grands motets, splendide Te Deum, impressionnant De Profundis sans doute joué aux funérailles de Louis XIV, comme le Miserere, toutes œuvres magistrales qui vont inspirer tout le siècle suivant, et seront interprétées sans discontinuer jusqu’à la Révolution française, tant à la Chapelle Royale que dans toutes les cathédrales du Royaume et au Concert Spirituel. C’est en quelque sorte pour les exécuter que Louis XIV fait construire la splendide nouvelle chapelle de Versailles inaugurée en 1710, où la place dédiée à la musique est littéralement au centre de l’édifice, face à la tribune du Roi, autour de l’orgue.

 

Ayant reçu en son temps tous les honneurs, sauf ceux de l’opéra, Lalande et sa musique essentiellement sacrée (dont quarante grands motets publiés après sa mort survenue en 1726) disparaissent des répertoires avec la fermeture de la Chapelle Royale et des Maîtrises de Cathédrale à la Révolution. Sa redécouverte est toujours à faire, tant l’ampleur de son écriture et le magnifique travail mélodique de ses récits, ainsi que la rhétorique permanente qui sous-tend ses motets, en font de la musique sacrée “lyrique” et un aboutissement du baroque français.

Afficher moins

Newsletter

Ne ratez aucun événement

Je m'abonne Je m'abonne