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Claudio Monteverdi

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CLAUDIO MONTEVERDI (1567-1643)

 

Claudio Monteverdi est le père de la musique moderne. À l’aube du baroque, il naît à Crémone en 1567 : cela fait plus de quatre cent cinquante ans ! Il est très tôt initié à la musique par Ingegneri, et publie dès 1582 son premier recueil, les Sacrae Cantiunculae ; il a quinze ans et ne s’arrêtera plus de composer des chefs-d’œuvre. Son Premier livre de Madrigaux à cinq voix, publié en 1587, signe sa personnalité naissante et le début de ses huit livres de madrigaux, véritable parcours de cinquante années vers la modernité baroque, vers l’expressivité de la musique vocale : une somme inouïe, d’une diversité déconcertante et d’une beauté stupéfiante.

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La carrière de Monteverdi se développe rapidement : on le retrouve à vingt-trois ans jouant de la viole à la Cour du Duc de Mantoue, qu’il accompagne guerroyer en Autriche et en Flandres, pour revenir diriger sa Capella Ducale à partir de 1601. La période est florissante, en particulier dans les cercles musicaux florentins où s’invente l’opéra : après avoir assisté en 1600 à la création de l’Euridice de Jacopo Peri, il publie son Quatrième Livre de Madrigaux en 1603, contenant pour la première fois un accompagnement de basse continue ; c’est aussi un manifeste de la seconda pratica naissante, qui amène Monteverdi à créer à Mantoue en 1607 son Orfeo qui est encore une favola in Musica, mais bien le premier opéra de sa main.

 

Le personnage mythologique d’Orphée, si prisé des élites intellectuelles, artistiques et politiques baroques, accomplit un parcours initiatique vers la mort et l’amour, mu par la force de son expressivité musicale : peut-on rêver plus belle allégorie du prince baroque, comme de l’opéra en soi ? Les passages dramatiques de l’œuvre seront des évidences durant deux siècles : chœurs de bergers en liesse, drame abrupt durant les noces, lamenti désespérés, scène aux enfers et ses personnages à la voix d’outre-tombe, dénouement heureux – malgré tout -, voici des pages illustres qui trouveront écho jusqu’au romantisme…

 

Le succès éclatant d’Orfeo ouvre la voie de la célébrité à Monteverdi, et un second dramma per musica suit en 1608 : Arianna, dont il ne reste hélas qu’un célèbre lamento. Puis vient Il Ballo delle Ingrate, magnifique perle de ce stile concertato que Monteverdi porte déjà à des sommets d’expression et de réalisme.

 

Mais il atteint ses limites à Mantoue et cherche à atteindre d’autres horizons. Il compose et publie un absolu chef-d’œuvre : les Vêpres de la Vierge, offertes au Pape Paul V en 1610, dans l’espoir d’obtenir une place à sa mesure. Cette musique qui fait le tour de toutes les possibilités d’écriture de l’époque, alternant profondeur et virtuosité, solistes et mouvements choraux, polyphonies et style nouveau, polychoralité et effets de masse, est une somme éblouissante. Elle permettra sans doute en 1613 de convaincre les Vénitiens de donner à Monteverdi la charge de Maître de Chapelle de San Marco, l’une des plus brillantes d’Europe.

 

À Venise, Monteverdi va alterner musique sacrée, publication de madrigaux et compositions dramatiques (citons le fameux Combat de Tancrède et Clorinde, créé pour le carnaval de 1624), dont beaucoup sont hélas perdues, mais sa véritable seconde floraison à l’opéra est tardive : le Retour d’Ulysse dans sa patrie est en 1640 l’entrée en scène d’un Monteverdi de soixante-treize ans, au moment de la création des premiers théâtres lyriques privés, qui se fait justement à Venise. Cette épopée digne des vers homériques, mais dans une veine aux rebondissements comiques, fait merveille auprès du public, à qui Monteverdi sert ensuite un Couronnement de Poppée désormais mythique (1642), qui doit beaucoup au livret génialement équilibré de Busenello. Même si ces deux opéras ne sont pas entièrement de la main de Monteverdi (mais les ajouts sont splendides…), ils montrent le chemin dramatique parcouru depuis Orfeo. On est maintenant dans le modèle bigarré et polymorphe du drame lyrique vénitien (que nous trouvons aujourd’hui beaucoup plus « Shakespearien » que le style « Racinien » de la tragédie lyrique française), pétri de rebondissements et de personnages secondaires caractérisés, de vieilles nourrices travesties et de héros incertains.

 

Monteverdi décède en 1643, à soixante-seize ans, après six décennies consacrées à composer une musique nouvelle et parlant au cœur. Marié jeune mais veuf à quarante ans, il laisse un héritage musical incomparable (quoique lacunaire) : son recueil monumental et presque testimonial, la splendide Selva Morale e Spirituale de 1643, est une ultime démonstration des facettes dramatiques dont Monteverdi sait faire miroiter les œuvres sacrées. Mais c’est avant tout l’exceptionnel conteur de drames que le public redécouvre depuis bientôt un siècle, tout entier dévoué à faire vivre la parole par la musique, véritable magicien qui a donné voix à Orphée…

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